jeudi 7 janvier 2010

2010, l'année de tous les dangers

L'année 2009 s'est terminée sur un grand "OUF" de soulagement dans le monde économique. Les signes de rebond de l'activité se sont multipliés, les Bourses se sont redressées - de manière vigoureuse même - et la crise systémique du système bancaire semble n'être plus qu'un mauvais souvenir tant les résultats financiers des banques se sont améliorés.

Adieu donc la Grande Récession, oubliées les craintes d'une réplique de la crise de 1929, tout est bien qui finit bien !

Mais, à bien des égards, le rebond qui se dessine depuis le printemps 2009 paraît fragile. En outre, de nombreuses interrogations sont soulevées sur les grandes tendances économiques pour les décennies à venir.

La fragilité de la situation économique vient en partie des remèdes qu'il a fallu administrer pour échapper au pire. Les déficits publics atteignent ainsi des niveaux très élevés et ne pourront être réduits que par une baisse des dépenses publiques et/ou par une augmentation des impôts. L'activité économique ne peut qu'en pâtir dans les trois ou quatre années à venir. Par ailleurs, les déséquilibres économiques qui avaient été un des éléments de la crise sont toujours là. Les ménages américains ont accru leur épargne, mais d'une manière insuffisante. Symétriquement, la Chine conserve toujours un excès d'épargne, dont l'excédent commercial n'est que le miroir. Dans ces conditions, en dépit d'une augmentation des emprunts publics quasiment sans précédent, les taux d'intérêt à long terme restent bas. Cela risque de nouveaux de créer des faux signaux en matière de risque bancaire et financier. Enfin, si la croissance économique est réapparue dans de nombreux pays , le niveau de l'activité reste faible dans de nombreux cas (à l'exception notable de la Chine), bien en deçà du niveau qui prévalait avant la crise. Cela signifie que le besoin d'investir et d'embaucher ne sera pas très pregnant dans les mois qui viennent. A cela s'ajoute un certain nombre de risques que l'on ne peut ignorer. Pour relancer son économie, la Chine a généré une énorme augmentation des crédits : cela ne va-t-il pas constituer une nouvelle bulle ? Le montant élevé de liquidités qui circule dans le monde, ne risque-t-il pas de susciter une nouvelle hausse des cours des matières premières, soutenue aussi par la demande des pays émergents ? Les Etats-Unis et l'Europe pourraient alors se trouver confrontés à un surcroît d'inflation, alors que le rétablissement de leur situation économique est encore fragile. Dans un scénario favorable, le rebond actuel permet d'enclencher une spirale positive du cycle économique (plus d'activité, moins de destructions d'emplois et de recul des dépenses d'investissement, raffermissement de la demande, etc.) Mais, dans un scénario noir, le rebond actuel lié à une correction du déstochage et aux effets des mesures de relance (prime à la casse, etc.) est insuffisant pour enclencher une vraie reprise. Alors la situation serait très grave car les marges de manoeuvre en matière de politique économique sont nulles : les taux des banques centrales sont déjà à zéro ou presque et les déficits publics ne peuvent plus être accrus dans les mêmes proportions qu'au cours des deux dernières années.

On peut aussi s'interroger sur la soutenabilité à moyen terme de la croissance économique dans le monde de l'après-crise. N'oublions pas qu'une croissance mondiale d'environ 5 % l'an avait généré, avant la crise, un choc pétrolier et une envolée généralisée des cours de matières premières. L'idée d'une croissance économique infinie basée sur un stock de ressources naturelles fini (même si une partie est encore inconnue) ne tient pas. Economiser ces ressources ou en développer de nouvelles est donc impératif. Par ailleurs, dans les économies développées les plus matures, on peut craindre que la faiblesse de l'investissement ne vienne limiter le potentiel de croissance pour une longue période. Sans envisager la croissance zéro ou la "décroissance", il paraît ainsi fort probable que, 'au-delà des soubresauts actuels, l'économie mondiale se dirige vers une progression plus modérée.

2010 apparaît donc comme une année à haut risque. L'économie mondiale est sur le fil du rasoir. Espérons ...