mardi 4 août 2009

Pourquoi les économistes se trompent ; et faut-il leur en vouloir ?

Pour les Bourses, l'été semble ensoleillé. Fin juin, les organismes internationaux (FMI, OCDE) ont même commencé à revoir à la hausse leurs prévisions, après les avoir sans cesse révisées à la baisse depuis deux ans. En général, le changement de sens dans la révision des prévisions est annonciateur d'un retournement de l'activité. Après avoir loupé la crise, ou tout au moins avoir été incapables d'en prévoir l'ampleur, les économistes auraient-ils joué à tord les Cassandres ?

Cela constitue une bonne occasion de revenir sur la façon dont sont élaborées les prévisions économiques, afin de mieux savoir les utiliser, et surtout de comprendre d'où peuvent venir les erreurs de prévision.

Prévoir l'évolution de l'activité économique repose sur deux piliers : observer la conjoncture (les faits) et replacer les évolutions observées dans un cadre conceptuel cohérent (la théorie). Qu'il s'agisse de l'observation des faits (la statistique) ou de la compréhension des enchaînements économiques (la recherche), beaucoup de progrès ont été faits. Il reste néanmoins des faiblesses qui peuvent conduire à des erreurs de prévision.

Premièrement, les statistiques récentes peuvent être révisées au fur et à mesure que les sources se complètent. La prévision de court terme chiffrée peut donc se trouver remise en question, même si le raisonnement et le diagnostic sont justes.

Mais, surtout, prévoir l'avenir c'est avant tout être capable de retranscrire le passé, à la fois sur le plan théorique et quantitatif.

Et c'est là que la crise actuelle nous éclaire sur la fragilité de la prévision. Cette crise est née dans un contexte macroéconomique sans précédent, où certains produits financiers (par exemple les CDS), inexistants il y a moins de dix ans, pesaient plus que le PIB mondial ! Impossible alors de prévoir les effets d'un dérèglement dans les échanges de ces produits, comme les conséquences d'une telle montée en puissance de la financiarisation de l'économie.

Cela nous amène à la conclusion de ce papier, en faisant le parallèle entre les prévisions météorologiques et économiques. Dans ces deux domaines, l'observation des faits et la théorie ont fait beaucoup de progrès. Mais les météorologues ont une chance par rapport aux économistes. Leur champ d'observation ne change pas (ou très lentement). Alors qu'au fur et à mesure que la connaissance économique progresse, l'environnement institutionnel se transforme, ce qui oblige à revoir les modèles théoriques des économistes. Les comportements dans une économie dérégulée et fortement financiarisée ne sont pas les mêmes que lorsque les prix, le crédit ou les investissements directs sont contrôlés par l'Etat. De même, l'émergence d'une puissance économique (la Chine) d'un milliard d'individus ne peut pas être sans impact sur les relations économiques internationales.

En résumé, oui les économistes se trompent. Mais il ne faut pas (toujours) leur en vouloir, parce ce que leur champ d'observation est mouvant. Il faut donc sans cesse se remettre en question et s'interroger si la situation économique courante répond aux canons du passé ou si elle est annonciatrice de transformations structurelles.